« Melissa incarne à elle seule tout l’argumentaire abolitionniste » : retour en images sur le rassemblement de soutien à Melissa Lucio


15 avril 2022

Rassemblement du 14 avril 2022 pour Melissa Lucio - Hôtel de ville de Paris
Rassemblement du 14 avril 2022 pour Melissa Lucio - Hôtel de ville de Paris

À l’initiative du groupe Les jeunes avec Christiane Taubira, plusieurs associations abolitionnistes, militant.e.s pour les droits humains, membres de la société civile et élu.e.s de Paris se sont réuni.es place de l’hôtel de ville à treize jours de la date d’exécution programmée de Melissa Lucio pour appeler les autorités Texanes à réexaminer l’affaire. Femme latino-américaine issue des classes populaires, mère de quatorze enfants, Melissa est enfermée dans le couloir de la mort depuis 2008 malgré de nombreuses preuves de son innocence.

Les mots de Sabrina Van Tassel, réalisatrice du documentaire L’État du Texas contre Melissa, déclencheur de la mobilisation internationale autour de l’affaire, n’ont pas été sans rappeler les nombreux.ses autres condamné.e.s à tort aux États-Unis qui n’ont pas la faveur de l’attention médiatique et sont donc exécuté.e.s en silence, victimes d’erreurs judiciaires et d’un engrenage politique conçu pour opprimer les minorités. Des propos qui se mêlent aux nombreuses voix présentes hier soir, comme celle de Jean-Philippe Gillet (PC), qui rappelle que, dans la plus grande démocratie du monde, « la peine de mort est menée par les élites et se vit sur la longueur car elle est un outil profondément politique à l’égard des classes populaires ». Selon le Death penalty information center (DPIC), 2 591 personnes sont actuellement détenues dans les couloirs de la mort américains, et 1 524 personnes ont été exécutées aux États-Unis depuis la réintroduction de la peine de mort en 1976. Plus de 40 % des exécutions enregistrées ont eu lieu au Texas, qui demeure l’État qui exécute le plus.

© Florence Rivières
Nicolas Perron et Sabrina Van Tassel - © Florence Rivières

Geneviève Garrigos, conseillère de Paris et ancienne présidente d’Amnesty International France : « avec cette police qui cherche à tout prix un coupable et cet engrenage politique bien huilé, je retrouve en Melissa l’affaire Troy Davis. » En 2011, ECPM et la communauté internationale s’étaient mobilisés pour éviter, en vain, l’exécution de Troy Davis, qui était alors devenu un symbole de la lutte contre la peine de mort. Le collectif Libérons Mumia !, qui se bat sans relâche pour défendre les droits de Mumia Abu Jamal, était également au rendez-vous pour dénoncer cette justice américaine qui tue et retient le premier citoyen d’honneur de la ville de Paris entre les murs de la prison de Greene, en Pennsylvanie, malgré un état de santé définitivement inquiétant. 

 

« Avec cette police qui cherche à tout prix un coupable et cet engrenage politique bien huilé, je retrouve en Melissa l’affaire Troy Davis. »

 

La mobilisation s’est achevée sur un message d’espoir, Sabrina Van Tassel rappelant à toutes et tous que chaque geste compte : « tout le monde peut écrire une lettre, faire un appel, votre mobilisation dépasse les frontières d’internet. » La veille du rassemblement, Robert Badinter, président d’honneur d’ECPM, s’était exprimé avec ardeur depuis son bureau à Paris, s’associant à l’action conduite par Ensemble contre la peine de mort pour demander aux autorités texanes de ne pas exécuter Melissa Lucio, qui « incarne à elle seule tout l’argumentaire abolitionniste », d’après Nicolas Perron, directeur des programmes. « Mettre à mort cette femme serait commettre un sacrilège, manquer au devoir de l’humanité et dans son cas, ajouter l’injustice au malheur social, ce qui serait contraire à l’esprit de générosité et d’humanité de l’État du Texas. », prévenait alors M. Badinter. Selon le DPCI, au moins 187 personnes condamnées à mort à tort ont été innocentées depuis 1973 aux États-Unis.