Retour sur les activités de la 19e Journée mondiale contre la peine de mort


8 décembre 2021

Le 10 octobre dernier, ECPM et ses partenaires se sont mobilisés de par le monde pour célébrer la 19e Journée mondiale contre la peine de mort. Après une période fortement perturbée par la pandémie de Covid-19, de nombreuses activités ont de nouveau pu se tenir : à l'honneur cette année, les femmes condamnées à mort ou celles, dans l'ombre, touchées par les conséquences de cette peine inhumaine, cruelle et dégradante.

Selon les données connues en 2020, 16 femmes ont été exécutées dans le monde et 7 pays comptaient au moins une femme dans les couloirs de la mort.

En France, les témoignages puissants de Susan Kigula, ancienne condamnée à mort en Ouganda, Antoinette Chahine, ancienne condamnée à mort au Liban et Sandrine Ageorges-Skinner, épouse de Hank Skinner, condamné à mort au Texas, ont retenti dans l’enceinte solennelle du Panthéon, face à un public attentif et fortement touché par leurs histoires.

Dans le monde, les voix des militant·e·s, associations, défenseur·euse·s des droits de l’Homme, et des personnalités politiques se sont mêlées pour avancer vers un but commun : l’abolition universelle de la peine de mort. Les performances artistiques, rencontres parlementaires, tables rondes, ou ateliers de sensibilisation auprès de la nouvelle génération abolitionniste ont été autant d’évènements fédérateurs qui ont laissé entrevoir les prémices d’avancées concrètes dans le combat contre la peine de mort, notamment en Mauritanie, où les termes « peine de mort » sont apparus pour la première fois de manière explicite dans une manifestation.

ECPM salue l’implication de l’ensemble de la communauté abolitionniste lors de cette 19e Journée mondiale contre la peine de mort dédiée à la condition des femmes, et remercie ses partenaires pour leur coopération et leur engagement dans l’organisation de nos manifestations communes.

 

Retrouvez ci-dessous le détail des manifestations organisées dans huit pays différents. 

Défendre les femmes condamnées à mort

Les données concernant les femmes condamnées à mort, exécutées, innocentées ou graciées demeurent rares et peu étudiées, et ces dernières continuent de souffrir des discriminations liées au genre dans la détermination de la peine et les conditions de détention. Ces discriminations sont intersectionnelles et peuvent être renforcées selon l’âge, l’orientation sexuelle, l’origine ou le handicap de la concernée. Ces femmes sont souvent victimes de violences sexistes et sexuelles constituant des circonstances atténuantes essentielles, qui ne sont pourtant pas prises en compte pendant le procès.

Journée mondiale contre la peine de mort

Si, de manière générale, les femmes sont moins souvent condamnées à mort que les hommes, elles sont plus nombreuses dans les couloirs de la mort pour certaines catégories de crimes comme l’adultère ou la sorcellerie, ce qui est révélateur de schémas de condamnation basés sur le genre, selon la Coalition mondiale contre la peine de mort. La réalité est plus accablante encore, car certains pays ne partagent pas de statistiques par genre (voir l'infographie).

Cette année, ECPM relance les discussions sur le vécu spécifique des femmes, initiées à l’occasion du 7e Congrès mondial contre la peine de mort de Bruxelles. Rejoignez le mouvement pour défendre les droits des femmes condamnées à mort et consultez le rapport de nos activités ci-après.

ECPM et ses partenaires mobilisés dans le monde

Au Moyen-Orient & Afrique du Nord

MAROC

 

  • 9 octobre – 11h – Marrakech :

    A la veille de la journée mondiale contre la peine de mort, ECPM était à Marrakech pour soutenir une initiative citoyenne intitulée « le droit de vivre » résidant dans une exposition, un livre et des animations pour l’abolition de la peine de mort. ECPM est intervenue lors de la conférence de lancement.

    ECPM a pu échanger avec différents acteurs y compris des artistes, psychologues et philosophes. ECPM a assisté à la conférence qui était organisée l’après-midi lors de laquelle Ahmed Haou, ancien condamné à mort au Maroc a livré son témoignage et a été ovationné. ECPM a enfin visité l’exposition « Le droit de vivre » en compagnie d’Ahmed Haou. 


    Parmi les intervenants :

    Nouzha Skalli (Réseau des parlementaires contre la peine de mort) et Abderrahim Jamaï (CMCPM)

    Organisation : Driss El Yazami, Younès Ajarraï, Mahi Binebine

    Initiative soutenue financièrement par ECPM, contribution écrite de Raphaël Chenuil-Hazan au livre publié

  • 10 octobre – Rabat : Sit-in annuel devant le Parlement pour la Journée mondiale contre la peine de mort, organisé par la CMCPM.

     

  • 14 octobre – 10h – Rabat (siège du CNDH) :

    Dans le cadre de la 19e Journée mondiale contre la peine de mort, une conférence de presse était organisée dans les locaux du CNDH à Rabat le 14 octobre 2021. La thématique choisie par la Coalition mondiale contre la peine de mort cette année était « Les femmes et la peine de mort : une réalité invisible ». L’événement était modéré par un journaliste d’une chaine de télévision marocaine. Différentes prises de parole se sont succédées. Mme Amina Bouayach, Présidente du CNDH, a réitéré l’engagement du CNDH contre la peine de mort et a appelé les autorités marocaines à aller vers l’abolition totale.

    Organisation :  CMCPM, le CNDH, l’OMP et ECPM, et vernissage de l’exposition de la 4e édition du concours d'affiches « Dessine-moi l'abolition ».

     

  • Du 14 au 31 octobre – Rabat (Hall du CNDH) : L’exposition de la 4e édition du concours international d’affiches graphiques « Dessine-moi l’abolition » a été exposée au CNDH dans le cadre de la Journée mondiale. Le vernissage a eu lieu le 14 octobre, après la conférence de presse au CNDH. Un jeune marocain figurait parmi les 50 lauréats et lauréates de cette édition du concours.

          Organisation : ECPM et le RIEA. 

 

  • 16 octobre – Casablanca (Siège du CRDH de Casablanca-Settat) : Premier café philosophique organisé au Maroc par la CMCPM, l’OMP, le CNDH et ECPM. L’exposition de la 4e édition du concours de dessins a été déplacée du CNDH au siège du CRDH où se tenait le café littéraire pour la journée.
    Modération : Mme Zbaghdi (Fondation Seve Maroc)
    Témoignage : Mme Fatima Goud ancienne femme condamnée à mort au Maroc graciée en 2019

     

  • À partir du 18 octobre – Casablanca (école des Beaux Arts, collèges et lycées) : Interventions scolaires encadrées par un artiste, un membre de la CMCPM et de l’OMP.

    Organisation : CMCPM, OMP, CNDH et ECPM. Artistes encadrant·e·s : Youssef Saadoun et Narjiss El Joubari, 

  • 26 ou 28 octobre – Rabat (siège du CNDH) : Atelier de dessins avec 3 groupes du Collège Les Iris.

     

    Activités financées dans le cadre d’un projet soutenu par la délégation de l’Union européenne au Maroc et par la Norvège.

MAURITANIE

 

  • 9 octobre – Nouakchott (Hôtel Monotel) : Projection-débat de La Larme du Bourreau, documentaire de Layth Abdulamir.

    Première fois qu’un événement faisant apparaitre le terme “peine de mort” de manière explicite peut se produire en Mauritanie. Le ministère de la Justice de Mauritanie a invité les magistrats à se rendre à cet événement.

         Organisation : Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH) et ECPM

         Activité financée dans le cadre d’un projet soutenu par la Norvège.

TUNISIE

 

  • 14 au 16 octobre – Tunis : Cycle de projections de films sur la peine de mort et exposition de la 5e édition du concours international d’affiches contre la peine de mort « Dessine-moi l’abolition ». Trois jours d’événements, malgré un contexte politique très compliqué (état d’exception décrété à l’été 2021 par le Président Kaïs Saïed).

         Organisation : ECPM, la CTCPM et les associations membres, en partenariat avec le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme à Tunis.

         Activités financées dans le cadre d’un projet soutenu par la Norvège.

En Afrique

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (RDC)

 

  • Bukavu : Atelier de réflexion à destination des étudiants et de la société civile, organisé par l'association AJPD-RDC.

    Première activité soutenue par ECPM dans cette région de RDC, l’atelier a vu la participation de plus de 50 étudiants des universités de Bukavu et de représentants d’organisations de la société civile. L’atelier, inauguré par le Commissaire provincial en charge de la justice Byabagabo Nkubabana Wagahuma, vise à permettre la mise en place de clubs abolitionnistes. Ces clubs œuvreront notamment à travers des étudiants ambassadeurs pour construire, structurer et pérenniser le plaidoyer au sein des universités.

  • Kinshasa : Conférence organisée par Culture pour la paix et la justice (CPJ).

    Activités financées dans le cadre d’un projet soutenu par l’AFD, l’Union européenne et la Norvège.


CAMEROUN

 

  • Maroua : Atelier avec les avocat(e)s de femmes passibles de la peine de mort organisé par l'association Droit et Paix

     

  • 6 et 7 octobre - Bafoussam : Ateliers de renforcement des organisations de la société civile (6 octobre) et des acteurs judiciaires (7 octobre) sur la peine de mort et la nécessité de son abolition. Ces ateliers ont vu la participation enthousiaste de respectivement 15 membres d’organisations de la société civile, défenseurs des droits de l’Homme et journalistes et 20 acteurs judiciaires (magistrats, avocats). A notamment été présentée aux participants la mission d’enquête dans les couloirs de la mort au Cameroun, réalisée par ECPM en partenariat avec l’organisation Droit et paix et le Réseau des avocats camerounais contre la peine de mort. 

         Organisation : AVUDFE (association financée dans le cadre du dispositif de financement aux tiers)

  • 7 octobre – Douala (siège de l’AVUDFE) : La presse a été mobilisée pour annoncer la tenue d’un atelier de renforcement des capacités des acteurs judiciaires sur la peine de mort et la nécessité de son abolition le 7 octobre 2021 à Bafoussam. A travers cet exercice, l’AVUDFE a également cherché à mobiliser le grand public contre la peine de mort en exposant l’argumentaire, et rappelant que si le Cameroun n’a procédé à aucune exécution depuis 1997, l’actualité continue régulièrement d’être marquée par des condamnations à mort.  Les organisateurs ont insisté sur le cas des femmes condamnées à mort, s’inscrivant dans la thématique de la  19ème journée mondiale contre la peine de mort, et sur le fait que l’existence légale et en pratique de la peine capitale continue et ne se justifie plus au regard de la tendance abolitionniste forte et inéluctable.

         Organisation : association AVUDFE avec le soutien de ECPM et Droits & Paix. Intervenant : Me Nestor Toko

         Activités financées dans le cadre d’un projet soutenu par l’AFD, l’Union européenne et la Norvège.

En Asie

MALAISIE

 

  • 9 octobre – 20h30 à 22h00 – en ligne : Projection-débat en ligne du documentaire Menunggu Masa avec les interventions des réalisateurs Seria Sacha et Sherrie Razak Dali, organisée par ADPAN

  • 15 et 16 octobre – 10h à 16h – Kuala Lumpur : Consultations et sessions stratégies avec les avocats et autres forces abolitionnistes de Malaisie, avec les interventions d'avocats abolitionnistes et autres abolitionnistes, organisé par ADPAN

  • 23 octobre – 11h à 12h30 – en ligne : Webinaire avec TAEDP : le rôle des avocats dans la campagne contre la peine de mort, avec les interventions de Li Xuanyi et Suzana Noorlihan, avocats et proches de condamnés à mort, organisé par ADPAN et TAEDP

  • 30 octobre – 11h à 12h30 – en ligne : Forum en ligne de discussion avec d’anciens condamnés à mort, organisé par ADPAN et TAEDP

INDONÉSIE

 

  • 10 octobre : pour commémorer la Journée mondiale contre la peine de mort, la KontraS, la Commission pour les disparus et les victimes de violence a lancé un rapport sur la situation de la peine de mort en Indonésie.

  • Fin octobre : Plaidoyer et campagne de sensibilisation, organisée par KontraS