L’Iran menace d’exécuter Ahmadreza Djalali, scientifique Irano-Suédois


11 mai 2022

Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et Iran Human Rights (IHRNGO) appellent la communauté internationale à se mobiliser, de toute urgence, pour stopper les autorités iraniennes qui menacent d’exécuter le 21 mai prochain, le scientifique Ahmadreza Djalali, actuellement dans le couloir de la mort dans ce pays.

Ahmadreza Djalali avant son arrestation, sans date
Ahmadreza Djalali avant son arrestation, sans date

Ahmadreza Djalali vit en Suède depuis 2009 et possède la double nationalité suédoise et iranienne.  Âgé de 50 ans, il est marié et père de deux enfants. En avril 2016, il se rend en Iran, à l’invitation de l’Université de Téhéran. Habitué de ce genre de mission, il est d’abord arrêté quelques jours après son arrivée puis accusé de « collaboration avec des États hostiles ». Par la suite, il est condamné pour « efsad-fil-arz (corruption sur terre) » à l'issue d'un procès inéquitable par le tribunal révolutionnaire de Téhéran et de confessions télévisées forcées. La Cour suprême a ensuite confirmé la condamnation à mort.

Les médias d’État iraniens ont annoncé que le Dr Ahmadreza Djalali serait exécuté le 21 mai 2022. Cette annonce intervient alors que le procès d’Hamid Noury, détenu en Suède, pour crimes de guerre pour sa participation à l'exécution massive de prisonniers politiques en 1988 en Iran, vient de se terminer et que le verdict est attendu en juillet. Le 2 mai, Kazem Gharibabadi, secrétaire du Haut Conseil iranien des droits de l'homme et chef adjoint des affaires internationales du pouvoir judiciaire iranien, a menacé d'exécuter les peines des personnes liées à la Suède. Le 4 mai, les médias d'État iraniens ont annoncé que l’exécution d’Ahmadreza Djalali aurait lieu dans les deux semaines. L'avocat du Dr Djalali a également été informé de l'exécution imminente de son client. Vida Mehrannia, la femme d'Ahmadreza Djalali, a déclaré à Iran Human Rights : « l'avocat d'Ahmadreza s'est rendu au tribunal de la prison d'Evin et a parlé aux responsables judiciaires qui ont également déclaré qu'ils allaient exécuter la sentence. »

La communauté internationale et en particulier les États ayant des relations diplomatiques avec l’Iran doivent prendre toutes les mesures pour éviter que cette exécution ne se produise et faire entendre aux responsables de la République islamique les graves conséquences que cela pourrait avoir.

Le Directeur d’ECPM, Raphael Chenuil Hazan a déclaré : « Les diplomaties européennes ne sauraient demeurer silencieuses face au risque d’exécutions de binationaux et face à l’ampleur de l’application de la peine de mort en Iran. La peine de mort ne doit pas être utilisée comme un outil de marchandage politique. L’Iran doit comprendre que son exécution aura irrémédiablement un coût politique fort. » Le directeur d'Iran Human Rights, Mahmood Amiry-Moghaddam, a déclaré : « À ce stade, une position ferme de l'Europe est le seul moyen de sauver Ahmadreza Djalali. Les gouvernements européens doivent faire comprendre aux responsables de la République islamique que l'exécution d'Ahmadreza Djalali est considérée comme l'exécution d'un otage, ce qui aura de graves conséquences ».

 

« L'exécution d'Ahmadreza Djalali est considérée comme l'exécution d'un otage »

 

Depuis 1979, les autorités iraniennes ont régulièrement utilisé l’arrestation, l’emprisonnement ou le risque de condamnation à mort à l’encontre de binationaux dans l’objectif d’obtenir des privilèges politiques ou économiques. Elles ont plus rarement utilisé la menace d’exécution de la peine de la peine de mort à l’encontre de ces binationaux. L'exécution programmée en représailles au procès de Hamid Noury démontre une fois de plus que la République islamique d'Iran utilise la peine de mort comme un outil politique pour atteindre ses objectifs.

 

Enfin, pour rappel, La situation de la peine de mort en Iran demeure alarmante avec une importante augmentation des exécutions en 2021 (+25 %) et un nombre croissant de femmes iraniennes exécutées. C’est là quelques-unes des principales informations du 14e Rapport annuel sur la peine de mort en Iran, réalisé par Iran Human Rights (IHR) et Ensemble contre la peine de mort (ECPM) rendu public aujourd’hui. Autre constat inquiétant, le nombre d’exécutions liées au trafic de drogue fait un bond spectaculaire avec un total de 126 exécutés sur l’année, soit une centaine de plus que l’année précédente.

Pour aller plus loin :