20 ans de lutte contre la peine de mort dans le monde en 5 points-clés


18 janvier 2020

Congrès mondiaux, campagnes de sensibilisation, missions d'enquêtes, interventions dans les écoles... Tous ces succès d’ECPM sont le fruit du travail d’une poignée de militants qui, à force d’audace et de ténacité, ont su créer l’association abolitionniste française de référence. Retour sur l'histoire d'un combat commun en 5 points-clés.

De l'édition à l'abolition

Tout commence par un livre. En 2000, Lettre ouverte aux Américains pour l'abolition de la peine de mort, écrit par Michel Taube et Benjamin Menasce, fait son entrée dans le catalogue de la petite maison d'éditions L'Ecart. À la surprise générale, les médias s'emparent massivement du livre, et la lutte contre la peine de mort aux États-Unis fait son entrée sur les couvertures de magazines. Pas totalement prise de court, l'équipe de l'Ecart saisit l'occasion pour lancer une pétition qui récoltera plus d'un demi-million de signatures, déposées par Catherine Deneuve aux portes de l'ambassade des États-Unis à Paris. À l'Ecart, on envisage sérieusement une reconversion. Et si on passait de l'édition à l'abolition ? Le 10 octobre 2000, date anniversaire de l'abolition en France, les statuts d'Ensemble contre la peine de mort sont déposés en préfecture.

Une du magazine Télérama, 2000

Fédérer les acteurs de l'abolition

En sondant les forces abolitionnistes en présence dans le monde, la jeune association fait un constat surprenant : les acteurs sont là, un peu partout, mais ne se rencontrent presque jamais. Et si on les fédérait ? En 2001, ECPM organise à Strasbourg le 1er Congrès mondial contre la peine de mort, autour d'une recette qui fait toujours ses preuves aujourd'hui : une haute représentation politique, des débats de qualité, un riche programme culturel puis une marche de clôture dans les rues.

Pour son premier essai, ECPM place la barre très haut : le Parlement européen accepte, exceptionnellement, d'ouvrir son hémicycle aux participants et la marche réunit près de 10 000 personnes. Surtout, la création de la Coalition mondiale contre la peine de mort est actée. Un instrument essentiel à la coordination et à la communication entre les abolitionnistes du monde entier qu'ECPM portera pendant de nombreuses années.

Robert Badinter au Congrès de Bruxelles, 2001
Robert Badinter au Congrès de Bruxelles, 2001

Surmonter les obstacles

C'est donc décidé : ECPM organisera, tous les 3 ans, un événement mondial pour l'abolition. Ce sera même la tâche principale de l'association pendant de nombreuses années. « Le boulot qu'on faisait tous quasiment bénévolement, se souvient le président fondateur Olivier Déchaud, c'était chercher de l'argent pour le prochain congrès ». Comme toute jeune ONG, ECPM doit faire sa place. Grâce à l'engagement d'une équipe réduite mais terriblement passionnée, les obstacles sont surmontés les uns après les autres, et le deuxième Congrès mondial voit le jour aux portes des États-Unis, à Montréal, en 2004. Malgré le succès de l'événement, la faillite rôde. Mais ECPM, désormais identifiée mondialement, se serre la ceinture et les soutiens arrivent, notamment des institutions françaises. L'hôte du 3e Congrès mondial sera donc Paris.

Une campagne d'ECPM

Prendre la rue

Parallèlement, et parce que tout ne se joue pas dans les institutions, l'association prend la rue pour faire avancer la cause abolitionniste. Rodée aux actions d'agit-prop, accompagnée par une solide équipe de militants, ECPM enchaîne les actions sur le terrain. À partir de 2005, l'association participe chaque année à la Gay Pride et à la Fête de l'Humanité à Paris.

Un message clair est envoyé à la Chine à l'occasion des JO de 2008 : « certains records ne sont pas à battre ». Et surtout pas celui du nombre d'exécutions. Chine toujours : ECPM remporte une bataille légale sans précédent en obtenant l'interdiction de l'exposition Our Body, qui met en scène des cadavres de condamnés à mort venus de l'Empire du milieu.

Action d'ECPM pour les JO de Pékin, 2008
Action d'ECPM pour les JO de Pékin, 2008

La consécration internationale

Genève, 2010. ECPM connaît la consécration internationale à l'ouverture du 4e Congrès mondial contre la peine de mort, avec une cérémonie tenue dans la salle des droits de l'Homme au Palais des Nations. Des représentants de plus de 20 gouvernements se déplacent pour l'occasion. Au même moment, Hank Skinner, condamné à mort au Texas, échappe de peu à l'exécution au terme d'une campagne haletante à laquelle a participé l’association.

Avec ce congrès, ECPM ouvre une nouvelle page de son histoire. L'équipe se professionnalise et les projets s’enchainent aux quatre coins du monde. Un réseau de parlementaires contre la peine de mort est établi au Maroc. L'Afrique du Nord et le Moyen Orient voient des interventions s'organiser un peu partout dans leurs écoles. Un pôle dédié à l'éducation est créé dans l'équipe et une nouvelle forme d'événement est pensée : le Congrès régional sur la peine de mort. À deux reprises, ECPM a organisé un Congrès régional là où la justice tue encore, à Rabat et à Kuala Lumpur, tout en maintenant son activité à tous les échelons internationaux. En 2015, une campagne fait échapper Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie, à l'exécution, et les Congrès mondiaux se maintiennent à Madrid en 2013, à Oslo en 2016, puis à Bruxelles en 2019.

7e Congrès mondial au Parlement de Bruxelles

20 ans maintenant que l'association s'efforce, selon les mots de son directeur Raphaël Chenuil-Hazan, de « mettre l'audace au service de l'abolition ».

Pour célébrer comme il se doit cet anniversaire, ECPM vous réserve bien des surprises tout au long de l'année 2020. Et pour continuer de nous soutenir, rendez-vous sur :